|
Techniques chasse et pèche (#36)

L’ombre des gratte-ciel de Montréal
Chasser la bernache du Canada avec succès!
Texte et photos : Philippe Dupuis
Au cours des dernières années, beaucoup de sauvaginiers ont modifié leurs
habitudes, se d.plaçant vers l’estuaire du Saint-Laurent, dans des endroits
aussi précis que l’Île Verte, Sainte-Flavie, Sainte-Luce, etc.; et tout cela,
à cause de certaines restrictions au chapitre de la chasse.
Mais les choses ont changé alors que, maintenant, les nouvelles populations
de bernaches résidentes s’étendent depuis les Cantons de L’Est jusqu’au Lac
Saint-François, en passant par le Lac Saint-Pierre.
Depuis quelques années, la population de bernaches du Canada a repris du
poil de la bête (ou faudrait-il parler de la plume de l’oiseau…). Les
bernaches dites résidentes ne cessent d’augmenter et la population nordique
n’a jamais été aussi haute qu’aujourd’hui. À un point tel que c’est
désormais une ressource accessible à tous les sauvaginiers de la région de
Montréal.
Contrairement à la chasse à l’oie des neiges, où il faut déployer beaucoup
plus d’énergie pour avoir un taux de succès intéressant, la chasse à la
bernache est maintenant possible tout près de chez vous.
Et cette chasse ne requiert qu’un minimum d’équipement – de 2 à 3 douzaines
d’appelants. Même qu’en début de saison, une douzaine suffit pour avoir la
chance de récolter votre limite; plus tard en novembre, on pourra augmenter
ne nombre jusqu’à 8 douzaines d’appelants.
Couloirs migratoires
Pour soutenir une chasse de qualité à l’ombre des
gratte-ciel, comme le suggère le titre de cet article, précisons qu’il
existe deux couloirs migratoires, bien définis qui couvrent la région de
Montréal et qui sont très actifs : le couloir du Saint-Laurent où tous les
oiseaux provenant du Lac Saint-Jean nous passent au-dessus de la tête, et le
couloir de l’Abitibi, qui couvre l’ouest de la région montréalaise entre
Montréal et Greenville.
N’oubliez pas qu’un couloir migratoire s’étend sur plus de 160 kilomètres (soit
une centaine de milles) de largeur à vol d’oiseau.
Bernaches résidentes
La bernache résidente (BRANTA CANADENSIS MAXIMA MOFFITTI)
fait actuellement l’objet d’une recherche scientifique.
En effet, un groupe de chercheurs de l’Université du Québec à Montréal, sous
la direction de Monsieur Jean-François Giroux, en collaboration avec le
Service canadien de la faune et de Monsieur Jean Rodrique, procède à une
étude d’une durée de 4 ans dans les Îles de Boucherville sur les populations
de bernaches du Canada qualifiées de « nicheuses ». Cette population croît à
un taux plus rapide que les autres populations de bernaches résidentes.
L’objectif de cette étude st de découvrir quels paramètres démographiques
sont responsables d’une augmentation aussi rapide afin d’établir, dans le
futur, des moyens de contrôle qui limiteront la croissance de la population
de bernaches résidentes du Canada. On estime actuellement la population
d’oiseaux « nicheurs » au Québec à 2 000 paires.
Voici une brève liste des endroits où des bernaches résidentes sont
actuellement présentes : Terrebonne, Laval, Repentigny, Lanoraie,
Cowansville, Venise-en-Québec, Hemmingford, Saint-Blaise, Carignan, Saint-Basile-le-Grand,
Saint-Hyacinthe, Drummondville, Rivière Beaudette, Saint-Polycarpe, Saint-Rédempteur,
Vaudreuil-sur-le-Lac.
Grandes concentrations
Les plus grandes concentrations de celles-ci se retrouvent
dans les Îles de Boucherville, près de la compagnie Dow Chemical (Varennes),
dans la réserve de Dundee, au Lac Saint-François et dans la grande région de
la Capitale nationale (Ottawa).
Méthodologie
Dans le cadre de cette étude, il faut procéder au marquage
des oiseaux et diverses méthodes sont utilisées pour les capturer ou en
établir le nombre.
C’est ainsi que les nids sont identifiés sur le terrain et les œufs,
dénombrés. Les oisillons sont capturés au moment de l’éclosion et marqués
avec une étiquette de palmure. Les jeunes bernaches sont également
étiquetées en utilisant le même système.
Les femelles capturées sur le nid sont munies d’un collier d’identification
(pesant 22 gr) ou d’un collier émetteur (60 gr), en fonction d’une norme qui
établit le poids de celui-ci à moins de 2% de la masse corporelle des
oiseaux. Pour le reste des adultes ou juvéniles, ils sont capturés avec des
filets lors de la mue de juillet et bagués individuellement à une patte. Ces
différences ont pour but d’avoir le moins d’effet sur le comportement, le
maintien du couple et le succès reproducteur des oies. Plus de mille
bernaches ont été marquées cette année.
Rôle des chasseurs
Les chasseurs ont un rôle important à jouer dans le
déroulement de cette étude portant sur la bernache résidente du Canada.
Il est primordial que tous les chasseurs qui prélèvent ou qui auront prélevé
des bernaches du Canada lors de la pré-saison et durant la saison qui se
déroulera du 6 au 24 septembre 2004 communiquent au numéro suivant :
1-800-327 BAND (2263). Ils doivent indiquer le numéro de la bague et
l’endroit de la capture. En communiquant vos coordonnées, vous recevrez un
certificat d’appréciation avec toutes les informations pertinentes à
l’oiseau que vous avez prélevé.
Bernaches avec collier
Les mêmes recommandations de collaboration s’appliquent
aussi dans le cas d’observation de bernaches du Canada résidentes qui
portent un collier d’identification : rapporter au 1-800-327 BAND (2263) le
numéro du collier ainsi que l’endroit et la date de l’observation.
Collecte de données
Les chercheurs ont même établi une procédure de collecte de
données pour fin d’étude sur la bernache dite résidente.
On invite les sauvaginiers intéressés à participer à l’étude à recueillir
trois parties de chaque bernache récoltée (voir ci-après) durant la saison
de chasse et de mettre le tout au congélateur. Afin de recevoir des sacs de
congélation, des enveloppes, etc. pour fins de l’étude, on peut communiquer
avec Monsieur Jean Rodrigue, biologiste au Service canadien de la faune, au
418 / 418-5016; le tout vous sera envoyé gratuitement!
Les parties à conserver sont :
1) La queue, qui doit être prélevée du cloaque, avec 2 à 3 cm de muscle et
incluant l’ouverture anale,
2) La tête, qui doit être sectionnée à la base du cou en laissant 2 à 3
vertèbres cervicales,
3) L’aile qui aura été coupée et jointe également.
Source : Service canadien de la faune, Environnement Canada, avril 2002.
Nous vous remercions au nom de toute l’équipe des scientifiques qui
travaillent à ce projet pour toutes les informations et prélèvements envoyés
au Service canadien de la faune!
Les informations et prélèvements que vous acheminerez au Service canadien de
la faune sont d’une grande importance car cela servira à suivre une
population en pleine expansion démographique. Un rapport scientifique est en
production actuellement et fera l’objet d’un prochain article.
Une mauvaise année
Selon les informations disponibles, c’est une année
catastrophique au niveau de la reproduction, la pire depuis les 12 dernières
années, qui vient d’être enregistrée pour les bernaches du Canada (région de
l’Ungava).
Même si cette dernière population, évaluée à 176 000 individus, n’a jamais
été aussi haute que cette année, elle s’annonce une des pires années de
reproduction alors que seulement 34% des oiseaux ont niché.
Les inventaires sont faits lors de la période de reproduction dans le nord
québécois. En volant à basse altitude, on compte le nombre d’oiseaux seuls
et ceux en couple. Donc, si l’oiseau est seul, c’est que la femelle est sur
les nids; si c’est l’inverse, les oies sont ensembles. Cela indique au
scientifique si les oies nichent ou pas, etc.; et cette année, nous
assistons à une très mauvaise année.
Le taux de juvéniles sera bas lors de la migration automnale. D’ailleurs,
dans un article antérieur de la revue, j’ai expliqué en long et en large
l’effet d’un bas taux de reproduction sur la migration à l’automne. Mais
différents autres facteurs influencent aussi cette situation. Il semblerait
que des conditions de température extrêmes soient pointées du doigt dans la
période critique : neige, froid, etc., lors de la pondaison et qu’elles
soient en majeure partie responsables de cette mauvaise année.
Cinq variétés
Au cours de l’automne, nous retrouvons au Québec, cinq
variétés de bernaches du Canada :
1) La bernache Branta Canadensis Maxima, qui pèse entre 3 et 5,6 kg (6,9 à
12,5 lbs).
2) La bernache Branta Canadensis Maxima-Moffitti, qui pèse entre 3,7 et 4,5
kg (8,2 à 9,9 lbs), et qui est d’ailleurs celle faisant l’objet de l’étude
actuellement en cours.
3) La bernache Branta Canadensis Parvipes, qui pèse entre 2,2 et 2,8 kg (4,8
à 6,1 lbs)
4) La bernache Branta Canadensis Tavernieri, qui pèse entre 2,1 et 2,7 kg
(4,7 à 5,9 lbs).
5) Celle que nous chassons le plus au Québec, la bernache Branta Canadensis
Interior, qui pèse entre 3 et 4,2 kg (6,8 à 9,2 lbs). Elle niche
principalement à la Baie James, dans toute la forêt boréale; c’est cette
variété que nous prélevons le plus au Québec.
En vous donnant le poids des oiseaux, il devient fort simple pour vous
d’identifier l’espèce que vous prélevez à l’aide d’une petite balance
électronique que vous trouverez au magasin Techniques Chasse et Pêches.
Cette pesée est utilisée pour les poissons mais vous pouvez y accrocher
l’oiseau par les orifices du net et le tour est joué!
En terminant, je vous demande de participer à la recherche sur les bernaches.
Il y va de votre intérêt, vous les chasseurs de sauvagine!
JE VOUS SOUHAITE UNE EXCELLENTE SAISON DE CHASSE 2004.
Philippe Dupuis
Guide de chase
(450) 658-9062
Le gourou de appelants
|
|