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Journal de Montréal - Robert Ménard - Novembre 1998

Philippe Dupuis, le gourou des appelants
Par : Robert Ménard
Le Journal de Montréal
13 novembre 1998
Pour Philippe Dupuis, l’ex-monteur de lignes d’Hydro-Québec, il n’est plus
question de grimper, mais de vivre terré au niveau du sol! Sa passion pour
la chasse aux oies blanches est devenue si importante qu’il a créé sa petite
PME, Les Appelants du Nord-Est inc.
Depuis quatre ans, Philippe Dupuis ne cesse de perfectionner ses appelants
d’oies blanches.
Même des entreprises américaines dans le domaine de la chasse lui achètent
des centaines de douzaines d’appelants, tellement ses imitations peuvent
être efficaces pour attirer les oies vers un point donné.
Philippe Dupuis ne se cache pas pour dire qu’il n’a pas volé sa réputation.
« J’ai investi pas moins de 200 000 $ dans la recherche et la production de
mes leurres pour l’oie blanche. »
Le « trois dimensions » et les silhouettes
Il produit des silhouettes et des « trois dimensions »; une silhouette est
un appelant que l’oie voit lorsqu’elle s’approche à l’horizon tandis que le
« trois dimensions » est visible sur la largeur lorsque l’oie survole les
appelants.
Un chasseur doit acheter plusieurs dizaines d’appelants (Philippe Dupuis
recommande au minimum cinq douzaines) pour imiter un rassemblement important
d’oies au sol, qu’on appelle un « camp ».
Un appelant de 24 pouces se vend 8,99 $, celui de 36 pouces, 12,99 $, et un
« trois dimensions », 16,99 $. On peut se procurer les imitations d’oies de
Philippe Dupuis en communiquant avec Les Appelants du Nord-Est inc. au (450)
658-9062.
Les oies des neiges se gavent dans les champs
SAINT-LAMBERT-DE-LÉVIS – Les oies des neiges ont, d’année en année, compris
que les chasseurs voulaient les intercepter lors de leur vol au-dessus des
battures du fleuve Saint-Laurent.
Elles ont donc dû souvent battre en retraite vers les champs de culture.
Découvrant des immenses terres de semences, au printemps, et de graines non
récoltées, à l’automne, les oies blanches ont pris l’habitude d’y rester de
longues heures pour se gaver.
À leur tour, les chasseurs ont envahi les champs. Ils ont délaissé leurs
trous de vase humides des battures pour se terrer dans des abris recouverts
d’épis de maïs.
Le Journal de Montréal a vécu cette expérience en compagnie de Philippe
Dupuis, 42 ans, qui chasse l’oie des neiges depuis une vingtaine d’années.
Philippe Dupuis nous avait invités à l’un des abris qu’il a construits dans
un champ de Saint-Lambert-de-Lévis, à pas plus de trente minutes au sud de
la ville de Québec.
Avant le lever du jours, vers 5h30 du matin, nous devions éparpiller sur le
sol des dizaines de silhouettes artificielles d’oies en coroplast,
multicompsante en plastique que l’on utilise aussi pour les enseignes
d’agence immobilières.
La cage de bois
Après avoir créé un regroupement d’oies assez imposant, une centaine
environ, nous n’avions qu’à nous engouffrer dans notre cage en bois,
recouverte d’épis de blé d’Inde séchés.
À une température souvent frisant le point de congélation, l’attente
commence alors que la clarté envahit le ciel. Lorsque, à l’horizon, le vol
des oies dessine des « z », des « x » ou des « h », il y aura probablement
quelques sujets qui fonceront droit sur nos leurres. Si le vol d’un groupe
d’oies blanches représente un « v » caractéristique, nous n’aurons pas
d’autre alternative que de leur souhaiter bonne route vers le Sud.
Au cours de l’avant-midi, nous abattrons quelques oies insouciantes, alors
qu’elles dessinent en vol plusieurs cercles au-dessus de nos appelants.
Chaque fois que les oies se dirigent vers nous, le rituel est le même :
imiter leurs cris et abaisser la moitié du mur avant de notre abri pour ne
pas gêner le mouvement de notre fusil, qui suit l’oie dans sa trajectoire de
vol. Appeaux Haydell d’oie des neiges, bernache du Canada et canard malard
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